Qui était Marie Bracquemond ?
Le dernier épisode de notre série Femmes dans les collections du musée d'Orsay est consacrée à l'artiste peintre Marie Bracquemond. Saluée par la critique de son temps, elle était considérée comme l’une des trois grandes femmes impressionnistes, aux côtés de Mary Cassatt et Berthe Morisot.
Artiste, mécène, critique, écrivaine, muse, modèle, elles ont, souvent dans l'ombre de leurs homologues masculins, occupé un place importante mais encore aujourd'hui sous-estimée. Ce feuilleton a été créé par les les auteurs-illustrateurs Clara et Arthur Fierfort.

Marie Bracquemond, née Marie Quivoron à Argenton le 1er décembre 1841 et morte à Sèvres le 17 janvier 1916, était une peintre, graveuse, dessinatrice et céramiste.
Saluée par les plus éminents critiques de son temps, comme l’une des trois grandes femmes impressionnistes, aux côtés de Mary Cassatt et Berthe Morisot, Marie Bracquemond s’est d’abord consacrée à l’art académique, puis exposa aux côtés des Impressionnistes, avant de renoncer presque complètement à son art dans les dernières années de sa vie.
Peintre mais aussi dessinatrice et créatrice de faïence, elle s’illustra par la diversité de son œuvre, revendiquant le décloisonnement des arts.
D’origine modeste, la condition familiale de Marie Quivoron contraste fortement avec le milieu cultivé et prospère des autres femmes ayant pris part à l’aventure impressionnistes, toutes issues de la haute bourgeoisie.
Peu après sa naissance près de Quimper, son père, capitaine de navire, rejoint une expédition aux îles Marquises, laissant sa mère élever seule Marie et son frère aîné.
Sa mère se remarie rapidement, confie son fils à une tante et avec Marie quitte la Bretagne pour le Jura, la Suisse, puis le Limousin, où naît en 1849 la demi-sœur de Marie, Louise.
Enfin en 1854, la famille s’installe dans le sud de Paris, à Étampes.
Marie, jeune adolescente, prend alors ses premières leçons de peinture avec un artiste local, restaurateur d’œuvres d’art, et se forme au dessin.
Elle réalise sa première toile, un cadeau d’anniversaire pour sa mère, avec des pigments qu’elle avait broyés elle-même à partir de fleurs des champs ; un ami de la famille, impressionné par son opiniâtreté, lui offre une boîte d’aquarelles et l’été elle commence à peindre des paysages de la campagne environnante.
Déterminée et confiante dans ses progrès, à l’âge de 16 ans elle envoie au Salon deux dessins qui sont acceptés.
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Marie Bracquemond, née Marie Quivoron à Argenton le 1er décembre 1841 et morte à Sèvres le 17 janvier 1916, était une peintre, graveuse, dessinatrice et céramiste.
Saluée par les plus éminents critiques de son temps, comme l’une des trois grandes femmes impressionnistes, aux côtés de Mary Cassatt et Berthe Morisot, Marie Bracquemond s’est d’abord consacrée à l’art académique, puis exposa aux côtés des Impressionnistes, avant de renoncer presque complètement à son art dans les dernières années de sa vie.
Peintre mais aussi dessinatrice et créatrice de faïence, elle s’illustra par la diversité de son œuvre, revendiquant le décloisonnement des arts.
D’origine modeste, la condition familiale de Marie Quivoron contraste fortement avec le milieu cultivé et prospère des autres femmes ayant pris part à l’aventure impressionnistes, toutes issues de la haute bourgeoisie.
Peu après sa naissance près de Quimper, son père, capitaine de navire, rejoint une expédition aux îles Marquises, laissant sa mère élever seule Marie et son frère aîné.
Sa mère se remarie rapidement, confie son fils à une tante et avec Marie quitte la Bretagne pour le Jura, la Suisse, puis le Limousin, où naît en 1849 la demi-sœur de Marie, Louise.
Enfin en 1854, la famille s’installe dans le sud de Paris, à Étampes.
Marie, jeune adolescente, prend alors ses premières leçons de peinture avec un artiste local, restaurateur d’œuvres d’art, et se forme au dessin.
Elle réalise sa première toile, un cadeau d’anniversaire pour sa mère, avec des pigments qu’elle avait broyés elle-même à partir de fleurs des champs ; un ami de la famille, impressionné par son opiniâtreté, lui offre une boîte d’aquarelles et l’été elle commence à peindre des paysages de la campagne environnante.
Déterminée et confiante dans ses progrès, à l’âge de 16 ans elle envoie au Salon deux dessins qui sont acceptés.
Elle réalise sa première toile, un cadeau d’anniversaire pour sa mère, avec des pigments qu’elle avait broyés elle-même à partir de fleurs des champs ; un ami de la famille, impressionné par son opiniâtreté, lui offre une boîte d’aquarelles et l’été elle commence à peindre des paysages de la campagne environnante.
Après ce premier succès, elle parvient en 1859 à rencontrer Jean-Auguste-Dominique Ingres par l’intermédiaire d’un ami et voisin de sa famille.
Dans une lettre écrite vers 1860, elle raconte : « La sévérité de Monsieur Ingres me glaçait... parce qu’il doutait du courage et de la persévérance des femmes dans le domaine de la peinture, il ne leur confiait que des peintures de fleurs, de fruits, des natures mortes, portraits ou scènes de genre ».
Au contraire, la jeune artiste a des attentes plus élevées pour elle-même et aspire à des formes d’art supérieures à celles attribuées traditionnellement aux femmes : « Je veux travailler à la peinture, non pas pour peindre des fleurs, mais pour exprimer les sentiments que l’art m’inspire... »
Ne se laissant pas abattre, elle s’enhardit à montrer au peintre quelques-unes de ses esquisses.
Reconnaissant alors son talent, le maître se montre plus conciliant, l’encourage dans son art et l’autorise à se déclarer parmi ses élèves.
L’influence du grand peintre néoclassique, son attention au dessin et son sens du réalisme, est déterminante pour Marie et le critique d’art Philippe Burty la qualifie même d’«une des plus intelligentes élèves de l’atelier d’Ingres ».
À partir des années 1860, installée à Paris, elle entame une carrière de peintre et expose régulièrement au Salon, sous le nom de Pasquiou ou Pasquiou-Quivoron, des portraits et des scènes inspirées du Moyen Âge et de la littérature.
Sa rencontre avec Ingres lui ouvre la voie à des commandes officielles et Emilien Nieuwerkerke, directeur général des musées français, l’engage pour réaliser d’importantes copies de tableaux au Louvre.
C’est là, vers 1867, qu’elle rencontre son futur époux, le peintre et graveur Félix Bracquemond de huit ans son aîné, et comme elle d’origine modeste et largement autodidacte.
Pendant les deux années de leurs fiançailles, Marie et Félix sont des compagnons arpentant au Louvre, analysant les oeuvres des grands maîtres, divergeant dans leurs goûts, mais revenant toujours à leur admiration mutuelle pour Ingres.
À partir des années 1860, installée à Paris, elle entame une carrière de peintre et expose régulièrement au Salon. Sa rencontre avec Ingres lui ouvre la voie à des commandes officielles et elle est engagée pour réaliser d’importantes copies de tableaux au Louvre. C’est là, vers 1867, qu’elle rencontre son futur époux, le peintre et graveur Félix Bracquemond.
En 1869 Marie épouse Félix et prend le nom de famille Bracquemond.
Tempétueux, indépendant et dogmatique, Félix Bracquemond est une figure centrale de la scène artistique parisienne et jouit déjà d’une réputation importante dans les milieux d’avant-garde.
Grâce à son mari au réseau amical étendu, Marie rencontre et développe des relations cordiales avec de nombreux artistes comme Camille Corot, Édouard Manet, Edgar Degas, Claude Monet ou Alfred Sisley.
En 1872 , peu de temps après la naissance de leur fils unique Pierre, Félix devient directeur artistique de l’atelier de la Manufacture de porcelaine Haviland à Auteuil.
La jeune famille quitte alors Paris et s’installe sur les hauteurs de Sèvres en pleine campagne.
Marie continue d’exposer ses œuvres au Salon, et s’investit de plus en plus dans l’atelier d’Auteuil: Seule femme identifiée de l’équipe artistique, elle conçoit de 1872 à 1881, des décors de faïences recherchées, et commence à introduire des motifs inspirés de la vie moderne, inspirés par le japonisme.
En 1878, pour le stand de la manufacture Haviland à l’Exposition universelle, elle réalise son œuvre la plus ambitieuse, aujourd’hui perdue : un décor monumental de carreaux de céramique sur un sujet allégorique, Les Muses des arts.
La critique est très élogieuse, et surtout Degas remarque la créatrice et l’invite à prendre part à la quatrième exposition impressionniste de 1879, où elle présente les trois cartons dessinés pour le décor des Muses, ainsi qu’une assiette en faïence.
Elle figure également aux expositions du groupe de 1880 et de 1886, avec des peintures, des aquarelles, des dessins et des eaux-fortes.
Installée sur les hauteurs de Sèvres en pleine campagne, Marie continue d’exposer ses œuvres au Salon, et s’investit de plus en plus dans l’atelier d’Auteuil: Seule femme identifiée de l’équipe artistique, elle conçoit de 1872 à 1881, des décors de faïences recherchées, et commence à introduire des motifs inspirés de la vie moderne, inspirés par le japonisme.
Sa participation aux expositions impressionnistes constitue une étape importante dans le changement progressif de son style pictural.
Ainsi dans les années 1880, sa palette s’éclaircit, sa touche se fait plus libre tandis que ses sujets se détournent de l’histoire au profit de scènes évoquant la vie contemporaine.
La terrasse de la villa familiale à Sèvres, la villa Branca, devient un lieu d’expérimentation où elle étudie les effets d’ombre et de lumière et peint les siens en plein air: son fils Pierre et surtout sa sœur et confidente, Louise, sont ses principaux modèles.
En 1886 Gauguin, invité par Félix à séjourner chez eux, apprend à Marie à modifier sa technique afin obtenir les intenses tons colorés qu’elle désire désormais.
Mais ce que l’ami du couple et critique d’art Gustave Geffroy, appelle le « renouvellement de vision » de Marie ne s’effectue pas sans conséquence.
En effet si Félix reste un ami fidèle de la plupart des impressionnistes, et a montré des eaux-fortes lors de leur première exposition de 1874, ainsi qu’en 1879 aux côtés de Marie, il s’oppose catégoriquement à leur esthétique.
Alors que Marie exprime son amour de l’impressionnisme : « C’est tout d’un coup une fenêtre ouverte par où le soleil et l’air entrent à flots chez vous, la nature vous apparaît claire, enchantée, intéressante, on échappe à l’atmosphère étouffante de l’atelier. », Felix lui, est un partisan véhément de la ligne contre la couleur et un opposant farouche à la spontanéité du plein air.
Sa participation aux expositions impressionnistes constitue une étape importante dans le changement progressif de son style pictural. La terrasse de la villa familiale à Sèvres, la villa Branca, devient un lieu d’expérimentation où elle étudie les effets d’ombre et de lumière et peint les siens en plein air.
Un aperçu du caractère difficile de Félix est fournit par Gustave Geffroy: « Félix Bracquemond, que j’ai beaucoup connu, pour lequel j’ai eu et j’ai gardé admiration et amitié, était un terrible maître, à la fois discuteur et autoritaire.(...) il avait cette faiblesse de vouloir avoir toujours trop raison, et pour peu qu’on lui tînt tête, cela finissait par des arrêts terribles, rendus avec une fureur croissante.»
Leur fils, Pierre, relate aussi dans ses mémoires les relations houleuses de ses parents, témoignage de l’affrontement de deux artistes dont les convictions esthétiques divergeaient.
D’après lui, si Félix qualifie sa « pauvre Marie », de « Fleur rare », ayant réalisé des « œuvres de tout premier plan »8, il lui reproche dans le même temps de gâcher son talent.
Pierre continue : «Elle voulait exposer, contente de certains tableaux, désirant le contact avec d’autres artistes, rêvant de succès, voulant étendre son ambition vers une vie de lutte et de plus grande production. Mais sur ce sujet son mari était d’une opinion opposée.»
Vers 1890, sans doute usée par les critiques de son mari, isolée à Sèvres et découragée par le manque d’intérêt pour son travail, elle finit par abandonner peu à peu la peinture et ne produit plus que quelques aquarelles et dessins dans l’intimité.
Pierre relate les dernières années de sa mère, consciente selon son lui du sacrifice de son talent artistique pour l’harmonie domestique: « enfermée dans sa maison, confinée dans ses pensées solitaires, tourmentée par ses regrets. ».
En 1916, deux ans après la mort de son mari Félix, Marie décède à Sèvres.
En 1919, son fils organise la première rétrospective de l’œuvre de Marie Bracquemond à la Galerie Bernheim-Jeune à Paris.
Près d’une centaine de peintures, 34 aquarelles et 9 gravures sont exposés ; un chroniqueur de l’exposition écrit : « on ignorait ou on avait oublié qu’elle eût autant de talent. (…) Mme Bracquemond, une vie qui pourrait tenir dans un chapitre intitulé : « Des inconvénients d’être l’épouse d’un grand artiste. »