Christian Krohg et le peuple des marins


Pour Krohg, l’art doit toucher le spectateur et susciter son empathie, par le fond comme par la forme. Son séjour français l’engage plus loin dans cette voie. À Gustave Courbet, il emprunte l’inspiration sociale ; à Édouard Manet, des procédés picturaux pour impliquer physiquement l’observateur dans le tableau : personnages de dos au premier plan, figures pleinement absorbées dans leur tâche, regards directs vers le spectateur. Mais ce que Krohg retient surtout de Manet et des impressionnistes, tel Gustave Caillebotte, ce sont les cadrages audacieux qui créent l’illusion de fragments de vie pris au hasard. Il ira jusqu’à en faire son slogan : « Tout est une question de cadrage. » Selon lui, l’image ne doit pas être construite en termes de perspective. Krohg applique ces principes tout au long de sa carrière, notamment dans ses tableaux de marins qui éludent le paysage au profit de plans rapprochés sur l’action.

Christian Krohg, Bâbord !,
1879, huile sur toile, 99 × 70 cm,
Oslo, Nasjonalmuseet
Premier d’une série consacrée aux marins, ce tableau marque un tournant dans la carrière de Krohg et lui vaut un succès international au Salon de Paris en 1882. Le cadrage inspiré de la photographie crée une impression d’instantané et monumentalise la figure du marin. Le regard de ce dernier se fige un instant vers l’observateur, conférant à cette toile une modernité saisissante. L’expression du personnage traduit son intense concentration au moment de donner un ordre de manœuvre qui donne son titre au tableau.
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Christian Krohg, Bâbord !,
1879, huile sur toile, 99 × 70 cm,
Oslo, Nasjonalmuseet
Premier d’une série consacrée aux marins, ce tableau marque un tournant dans la carrière de Krohg et lui vaut un succès international au Salon de Paris en 1882. Le cadrage inspiré de la photographie crée une impression d’instantané et monumentalise la figure du marin. Le regard de ce dernier se fige un instant vers l’observateur, conférant à cette toile une modernité saisissante. L’expression du personnage traduit son intense concentration au moment de donner un ordre de manœuvre qui donne son titre au tableau.
Christian Krohg, La Barre sous le vent !,
1882, huile sur toile, 50 × 60 cm,
Oslo, Nasjonalmuseet
Krohg réalise ce tableau à Vasser, en Norvège, durant l’été 1882. Vêtu d’un chapeau et d’un manteau jaunes, un marin manœuvre un petit voilier sur une mer agitée. Le cadrage serré renforce la tension dramatique de
la peinture, accentuée par le regard du pilote, fixé sur quelque chose que nous ne pouvons voir, en dehors du champ. Une version ultérieure de cette scène, au cadrage élargi, révèle un paquebot à vapeur approchant du frêle voilier, suggérant un danger imminent de collision.
Christian Krohg, Vent du nord,
1887, huile sur toile, 102 × 125 cm,
Oslo, Nasjonalmuseet
Christian Krohg, Le Haut-Fond, vers 1897,
huile sur toile, 140 × 200 cm,
Bergen, Kode Bergen Art Museum
Christian Krohg, Vers le ciel, date non connue,
huile sur toile, 54 × 45 cm,
Oslo, Norsk Maritimt Museum
Christian Krohg, Un homme à la mer !,
1906, huile sur toile, 120 × 140 cm,
Stockholm, Nationalmuseum
La vulnérabilité de l’homme face aux éléments est ici saisie avec force. Dans une composition audacieuse et dynamique, un homme se précipite pour lancer une bouée de sauvetage. On comprend qu’un marin vient de tomber dans la mer agitée et glacée. Mais ce drame, hors champ, demeure invisible : seules l’eau tourmentée et la bouée blanche, presque surnaturelle, captent l’attention. Ce point lumineux incarne l’espoir dans cette scène tendue, figée à jamais sur la toile.
Christian Krohg, Le projet est étudié,
1910, huile sur toile, 45 × 66 cm,
Lillehammer, Lillehammer Kunstmuseum