Arbre et rocher à Fontainebleau
Peintre de formation, Eugène Cuvelier s'est initié à la photographie auprès de son père, Adalbert Cuvelier. Par l'intermédiaire de Camille Corot, il découvre la forêt de Fontainebleau et se lie d'amitié avec Théodore Rousseau et Jean-François Millet. En 1859 il épouse Louise Ganne, la fille du propriétaire de l'auberge où se retrouvent les artistes de Barbizon. Il ne quitte plus désormais la forêt, acquérant une connaissance intime des lieux qui nourrit son inspiration et lui permet d'offrir des vues d'un Fontainebleau secret, sauvage, où les broussailles recouvrent les sentiers, où, comme ici, des arbres tordus se dressent entre les rochers. En choisissant des points de vue originaux, Cuvelier invente un nouveau paysage bellifontain.
Promeneur infatigable, il sait attendre son heure et porte un soin attentif à la lumière. L'usage de négatifs papier donne à ses épreuves une profondeur et un velouté qui adoucissent les volumes et estompent les contrastes. Ses photographies évoquent, par la représentation d'une nature vide de toute présence humaine, certains paysages de Gustave Courbet. En effet, les liens qui unissent Cuvelier à la forêt de Fontainebleau, sa manière de s'approprier les lieux, d'en donner une vision tout à la fois personnelle et fidèle évoquent les relations qu'avait établies le peintre d'Ornans avec sa terre natale.