Charles Baudelaire au fauteuil



Nadar, grand portraitiste des années 1850 et de la bohême parisienne, photographie le poète Charles Baudelaire (1821-1867) entre 1855 et 1858 au cours de trois séances de pose, au moins. Cette épreuve-ci, dont le négatif est aujourd'hui détruit, est la seule épreuve connue de la première séance qui a eu probablement lieu au début de l'année 1855. C'est aussi le plus énigmatique des portraits connus du poète, saisi dans une rêverie, le regard brouillé, comme ailleurs...
Nadar et Baudelaire, qui s'étaient rencontrés depuis une quinzaine d'années déjà, au début des années 1840, devaient rester liés, malgré les brouilles de deux forts caractères, d'une amitié très forte jusqu'à la mort du poète, amitié que Nadar relate dans un ouvrage posthume paru en 1911 Charles Baudelaire intime : le poète vierge. Baudelaire devait d'ailleurs, une nouvelle et dernière fois, en 1862, poser devant l'objectif de Nadar, Manet traduisant en gravure l'une des épreuves alors obtenues.