Le Menuet de la Princesse Maleine

Il s'agit là d'un des premiers portraits de Marthe Meurier (cf. Jeunes filles à la lampe), la fiancée de Maurice Denis que l'artiste épousera le 12 juin 1893. Les pages du journal de l'artiste abondent en confidences sur son amour pour la jeune fille : "On se sent plus beau quand on aime. Les attitudes sont faciles et chastes. La vie devient précieuse, discrète." (Journal, 3 septembre 1891)."Elle est plus belle que toutes les images, que toutes les représentations, que tous les effets subjectifs ! Elle est en dehors de moi, ce n'est pas moi qui la crée" (id. 1891) ; "La foi, l'amour est un acte de foi. Je crois en vous Marthe" (id. , 8 novembre 1891).
Dans Le Menuet de la Princesse Maleine, Marthe est représentée de trois quarts, dans une attitude souple, les mains délicatement posées sur le clavier. A l'arrière-plan, la couverture de la partition est ornée d'un frontispice de Maurice Denis. L'atmosphère calme et mystérieuse de ce portrait contraste avec celle de la violente tragédie de Maurice Maeterlinck, auteur de La Princesse Maleine parue en 1890. La partition de ce Menuet, inspiré de la pièce de Maeterlinck, restée introuvable à ce jour, est due à Pierre Hermant (1891).
En octobre 1891, Denis note dans son journal, à propos de Marthe : "Elle relit la Princesse Maleine jusqu'à deux heures de la nuit. Elle est pâle, énervée, caressante. - Des douleurs pour moi, et encore des doutes. Toujours des doutes. N'importe, c'est la vie." (Journal, I, p. 87).
Simplification des formes, sinuosités des lignes, contenu symbolique, recours à la technique pointilliste pour le fond vermiculé, autant de caractéristiques de l'art du jeune Maurice Denis à ses débuts magnifiquement mis en oeuvre dans cette toile très aboutie.