Le Stryge

Charles Nègre
Le Stryge
vers 1853
épreuve sur papier salé à partir d'un négatif sur papier ciré
H. 32,5 ; L. 23,0 cm.
Achat, 2002
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
Charles Nègre (1820 - 1880)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

C'est un grand collectionneur français, André Jammes, qui a choisi d'appeler cette photographie Le Stryge, par analogie avec une célèbre gravure du peintre Charles Méryon. On y voit la fameuse gargouille de Notre-Dame de Paris, dessinée par Viollet-le-Duc, qui peut en effet évoquer une stryge, créature fantastique, vampire tenant de la femme et de la chienne.
Le personnage qui pose en haut de forme derrière la sculpture surplombant les toits de la ville est Henri Le Secq, autre photographe important de l'époque. En choisissant de faire ainsi poser son ami en haut de la tour Nord de Notre-Dame, Nègre semble évoquer un double intérêt commun. Il s'agit d'une part de leur goût pour l'architecture gothique, à laquelle ils consacrent tous deux de nombreux clichés, et de leur amour pour le Paris moderne, qu'ils sont parmi les premiers à photographier.
Charles Nègre n'expose pas Le Stryge de son vivant. Mais il le met en vente chez le marchand Goupil où la force et la richesse de cette image frappe aussitôt l'imagination des photographes, graveurs ou caricaturistes. La structure remarquablement conçue de la composition explique sans doute en partie son pouvoir de fascination. On relève ainsi la verticalité du mur, la diagonale de la galerie, la netteté avec laquelle les moulures et les sculptures se détachent du fond, en particulier dans la moitié gauche. Au loin, s'étend Paris auquel Le Secq semble lancer le défi d'un Rastignac : "A nous deux maintenant !".