Légende de Jeanne d'Arc: Jeanne au bûcher

Eugène Grasset
Légende de Jeanne d'Arc: Jeanne au bûcher
1893
crayon, encre, aquarelle et gouache
H. 97,0 ; L. 57,0 cm.
Achat grâce au soutien de la société des Amis du musée d'Orsay, 1993
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Eugène Grasset (1845 - 1917)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

En 1893, un concours est organisé pour orner les fenêtres de la nef de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. Il prévoit la conception de dix vitraux relatant l'épopée de Jeanne d'Arc qui, en 1429, avait délivré la ville des anglais. Parmi les participants, se trouve le duo formé par le maître-verrier Félix Gaudin et Eugène Grasset. Le musée d'Orsay conserve trois des dessins réalisés à cet occasion par Grasset, mais portant néanmoins la signature des deux hommes, dont celui-ci représentant Jeanne sur le bûcher.
Ce sont finalement le maître-verrier Esprit Gibelin et le peintre Jacques Galland qui l'emportent. L'intervention du compositeur Charles Gounod, grand-père de l'épouse de Galland, a sans doute pesé dans la décision du jury. Ce choix provoque la stupéfaction générale car les cartons d'Eugène Grasset sont unanimement reconnus comme les meilleurs. Le critique Arsène Alexandre déclare ainsi : "Ceux qui n'ont pas senti la beauté esthétique et technique des cartons et maquettes pour le concours de Jeanne d'Arc, ou qui, sentant cette beauté, ont passé outre, sont coupables d'un des plus criants dénis de justice qu'on puisse citer dans l'histoire artistique de ce temps".
Les esquisses de Grasset s'imposent en effet par une incontestable unité de composition en dépit de l'alternance de scènes empreintes de majesté et de scènes très animées, par une connaissance approfondie des techniques du vitrail - la coupe des verres et la mise en plomb sont par exemple scrupuleusement indiquées - ainsi que par des jeux de lumière et de couleurs tout à fait inédits. Les références archéologiques, sérieuses et variées, ne figent en rien les compositions, mais leur confèrent une touche archaïsante qu'Edouard Didron, grand théoricien de l'art du vitrail, qualifie de "merveilleusement décorative".
Entre 1900 et 1903, Félix Gaudin exécute tout de même pour l'église paroissiale de La Châtre (Indre) l'une des maquettes de Grasset, Jeanne au sacre de Charles VII.