The parting of Sir Lancelot and Queen Guinevere

Julia Margaret Cameron
The parting of Sir Lancelot and Queen Guinevere
1874
épreuve sur papier albuminé à partir d'un négatif verre au collodion, contrecollée sur carton
H. 33,8 ; L. 28,9 cm.
Achat, 1980
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Julia Margaret Cameron (1815 - 1879)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

En 1874, l'écrivain Alfred Tennyson demande à son amie et voisine de l'île de Wight, Julia Margaret Cameron, d'illustrer de photographies l'un de ses ouvrages. Il s'agit des Idylles du roi, recueil de poèmes inspirés des légendes arthuriennes.
La poésie très imagée de Tennyson nourrit déjà depuis plus de dix ans l'oeuvre de Julia Cameron. Elle est donc enchantée de cette commande et s'y consacre corps et âme pendant plus de trois mois. Amis, domestiques, visiteurs de passage sont enrôlés pour poser devant l'objectif, dans des costumes de location.
Les prises de vue se multiplient, à cause des aléas techniques - le temps de pose oscille alors entre trois et sept minutes - et du souci de perfection de l'auteur. Ce sont finalement plus de deux cents images qui sont réalisées pour les douze illustrations finales. A eux seuls, Les adieux de Lancelot et de Gueniève nécessitent quarante-deux prises de vues.
Dans ces scènes, Julia Cameron se montre très proche des préraphaélites. Cette influence est perceptible non seulement dans le choix des sujets et l'importance donnée à la figure humaine, mais également dans le mélange de mysticisme, de tendresse et de sensualité. Elle est la première à faire accéder la photographie à un domaine d'où celle-ci semble au départ exclue : celui de l'imaginaire, de la fiction et du beau idéal. Il s'agit d'une tendance typiquement anglo-saxonne, particulièrement riche de conséquences. Elle ouvre en effet la voie non seulement au mouvement pictorialiste international de la fin du siècle, mais aussi à la photographie surréaliste et abstraite des années 1920.