Ratapoil

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Honoré Daumier
Ratapoil
vers 1851
statuette en bronze patiné
H. 43,5 ; L. 15,7 ; P. 18,5 cm.
Achat, 1891
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / RMN
Honoré Daumier
Ratapoil
vers 1851
statuette en bronze patiné
H. 43,5 ; L. 15,7 ; P. 18,5 cm.
Achat, 1891
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Honoré Daumier
Ratapoil
vers 1851
statuette en bronze patiné
H. 43,5 ; L. 15,7 ; P. 18,5 cm.
Achat, 1891
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Honoré Daumier (1808 - 1879)
Rez-de-chaussée, Salle 4

Entre mars 1850 et décembre 1851, Daumier publie dans Le Charivari une trentaine de lithographies mettant en scène un personnage représentant le type de "l'agent interlope, de l'auxiliaire infatigable de la propagande napoléonienne". Républicain convaincu, Daumier s'attaque ainsi à la propagande musclée véhiculée par certains agents électoraux en faveur de Louis-Napoléon Bonaparte. Elu à la tête de la IIe République pour quatre années non renouvelables en 1848, le prince-président organise en effet à cette époque une campagne d'opinion permanente en sa faveur. La menace d'une restauration impériale se précise.
Le sobriquet de Ratapoil apparaît le 12 août, toujours dans Le Charivari. Dès 1875, il figure au Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle : "de rat, de à, et de poil. Familier. Partisan du militarisme, et particulièrement du césarisme napoléonien".
Daumier modèle sans doute sa statuette en mars 1851. Les volumes sont exacerbés, en déséquilibre, à la fois fragiles et puissants, ce qui confère à l'œuvre une violence subversive à la mesure de l'enjeu politique.
A l'exagération de la cambrure, des plis froissés du pantalon et de la redingote, s'ajoute, en point d'orgue, l'expression satanique du visage. Si les traits de Ratapoil ne caricaturent pas directement ceux du prince-président, la moustache à l'impériale demeure l'emblème immédiatement reconnaissable de l'ennemi.
Terriblement moderne, Ratapoil rompt avec les catégories de la sculpture en 1850 et tend déjà vers l'expressionnisme. Avec cette statuette mortifère, Daumier dresse un constat féroce et pessimiste des basses œuvres  de la politique.