Un coin d'appartement

Claude Monet
Un coin d'appartement
1875
huile sur toile
H. 81,5 ; L. 60,0 cm.
Legs Gustave Caillebotte, 1894
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Claude Monet (1840 - 1926)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

De son retour d'Angleterre, en 1871, jusqu'en 1878, Monet réside à Argenteuil, une commune proche de Paris. Durant cette période, il représente souvent dans ses tableaux son épouse Camille, accompagnée de leur fils aîné Jean né en 1867. Il apparaît ici à l'intérieur de la seconde maison habitée par Monet à Argenteuil, avec à l'arrière-plan, dans la pénombre, probablement Camille.
Le premier plan est constitué d'un décor symétrique : tentures à motifs colorés, plantes vertes, potiches décoratives qui se retrouvent dans d'autres tableaux de Monet. Cette composition fait l'effet d'un rideau s'ouvrant sur une scène. L'oeil du spectateur est conduit vers le fond de la pièce, jusqu'à la zone lumineuse de la fenêtre. Au centre même de la toile, la succession de lignes en épis renforce l'aspect symétrique de la vue d'ensemble tout en soulignant la perspective. Et l'on découvre successivement Jean, debout et légèrement décalé sur la droite, le lustre et la table au centre, Camille assise sur la gauche.
La silhouette de l'enfant, qui apparaît à contre-jour, se reflète sur le parquet éclairé par la lumière du jour venant de la fenêtre. Dans cet intérieur, "était surtout étudiée l'entrée de l'air et de la lumière", ainsi que l'a mis en évidence l'écrivain critique d'art Gustave Geffroy en 1894.
Cette scène intime, silencieuse, image de la vie familiale quotidienne à Argenteuil, est restituée dans un espace bleuté. Cette gamme de couleur suggère une atmosphère empreinte de calme et de poésie qui n'est pas sans évoquer le monde de l'enfance du petit Marcel Proust décrit par l'écrivain au fil des pages d'A la Recherche du temps perdu (1913).