Questions à Johan Farjot et Arnaud Thorette de l'Ensemble Contraste

Johan Farjot et Arnaud Thorette, Ensemble Contraste
PARIS - CONTRASTEQUATUOR - SHOOTING - MM
Masha Mosconi / Hans Lucas / Masha Mosconi

Le 25 novembre à 20h, la soprano Magali Léger et l’Ensemble Contraste monteront sur la scène de l'auditorium du musée d'Orsay pour nous offrir un éblouissant florilège dédié aux premiers temps du cinéma, âge d’or de la rencontre entre l'image, la voix et les instruments. Johan Farjot et Arnaud Thorette, directeurs artistiques de l'Ensemble Contraste, nous racontent comment ils ont travaillé pour préparer ce concert.

Comment avez-vous défini, pensé ce programme autour de l’exposition « Enfin le cinéma ! » ? Qu’est-ce que cette exposition vous a-t-elle inspirée ?

Arnaud Thorette : Nous n’avons pas encore pu voir l’exposition « Enfin le cinéma ! ». Nous nous y rendrons dans quelques jours au moment des répétitions pour le concert que nous donnons au musée d’Orsay. La musique est un contrepoint naturel et essentiel au cinéma, et ce dès sa naissance. Ainsi ces légions de musiciens, accompagnèrent toutes les avancées technologiques du 7ème art. Il n'est pas surprenant de constater que ce qui est considéré comme le premier long métrage parlant, soit en réalité un film surtout chantant et musical : Le Chanteur de Jazz, qui date de 1927. L'ensemble Contraste propose de revenir sur cette histoire mêlée en s'attardant sur quelques chefs-d'œuvre musicaux qui ont été directement inspirés par l'innovation cinématographique : nombre de compositeurs "classique" ou "jazz" virent leur imaginaire profondément et à jamais marqué par leurs expériences sonores au cinéma.

Johan Farjot : La musique a noué avec le cinéma, dès sa naissance, une affinité et intrication de tous les instants. Comme le souligne Arnaud, le premier film sonore (Le Chanteur de Jazz, 1927), n'est-il pas chantant avant d'être parlant ? En effet, les premières innovations technologiques quant aux procédés de synchronisation sont musicales ! Évidemment, la magnifique exposition que propose le musée d'Orsay fait résonnance dans cette recherche d'associer image et musique que l'Ensemble Contraste mène depuis de nombreuses années. Cette exposition est très riche et offre de nombreux tiroirs de réflexion, sous l'angle musical bien sûr, mais aussi historique, social, culturel, etc. Nous y intégrer, avec notre artisanat de musicien, est évidemment très inspirant !

Vous avez dû mener des recherches pour monter ce programme spécifique. Quelles ont été vos sources, votre manière de travailler ?

AT : Ça n’est pas la première fois que nous collaborons avec le musée d’Orsay autour d’une exposition ou d’une thématique. C’est pour nous l’occasion de recherches historiques, musicologiques et sonores passionnantes. Nous connaissions les œuvres que nous allons présenter lors du concert. Il a fallu cependant les arranger pour notre ensemble, leur donner une nouvelle texture instrumentale et un nouvel éclairage. Il a fallu aussi trouver une cohérence. Nous cherchons en permanence à découvrir de nouvelles partitions et nous aimons concevoir de nouveaux programmes. Lier un concert à une exposition est très enrichissant.

JF : Le cinéma associé à la musique offre une grande littérature et travaux de recherche. Nous avons voulu piocher dans de nombreux genres (muet, musical, dessin animé, etc.), et de nombreux penseurs, chercheurs, artistes nous ont laissé nombre d'outils, pour notre plus grand bonheur.

Le programme proposé dans le cadre de ce concert montre une volonté de mélanger les genres (classique, jazz, etc.), de décloisonner. D’où vous vient cette ambition ? Comment la mettez-vous en œuvre ?

JF : Ce décloisonnement est tout d'abord à l'image du kaléidoscope cinématographique, joyeusement hétéroclite dans les styles et genres qu'utilise depuis plus d'un siècle le 7e art. Mais ce décloisonnement est aussi tout simplement la signature de l'Ensemble Contraste, qui aime aller aux confins de toutes les musiques avec lesquelles il se sent des affinités (classique, jazz, comédie musicale, tango, etc.) avec respect et humilité, mais sans se prendre au sérieux !

AT : C’est en effet le cœur et l’histoire du projet de l’Ensemble Contraste depuis vingt ans : mêler les musiques savantes et populaires, les esthétiques, les traditions écrites ou improvisées. Ainsi ces œuvres peuvent dialoguer et s’enrichir mutuellement. C’est ainsi que nous concevons notre démarche. Nous avons procédé de la même façon pour ce concert.

Magali Léger
© Musée d'Orsay / DR

Lors de ce concert, vous partagerez la scène avec la soprano Magali Léger. Vous avez l’habitude de travailler avec elle. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette complicité musicale ? Comment choisissez-vous de travailler sur tel ou tel projet à ses côté

JF : L'ensemble Contraste est avant tout une histoire d'amitiés et de coups de cœur. Nous ne concevons pas notre travail musical sans récurrence et partenariats amicaux de longue date. Mais sans nous empêcher de donner régulièrement la part belle à la découverte de nouveaux talents.

AT : Il est impossible en quelques lignes de décrire quinze ans d’amitié, de rires, de concerts, de tournées ! L’Ensemble Contraste est un groupe qui privilégie le partage, les rencontres et le vivre ensemble. Entre Magali et nous c’est une longue et belle histoire !

Cinéma parlant - Cinéma chantant

  • Le 25 novembre 2021 à 20h
  • Auditorium du musée d'Orsay
  • Magali Léger, soprano, Ensemble Contraste, Johan Farjot et Arnaud Thorette, direction