Questions à Marianne Beate Kielland, mezzo-soprano · Munch et La Frise de la vie

Marianne Beate Kielland
© Liv Øvland

Le jeundi 17 novembre 2022, la mezzo-soprano Marianne Beate Kielland se produira sur la scène de l'auditorium du musée d'Orsay accompagnée au piano par Nils Anders Mortensen. Ensemble, ils ont composé un programme de mélodie inspiré par La Frise de la vie d'Edvard Munch auquel une grande exposition est consacrée : « Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort » jusqu'au 22 janvier 2023.

Vous vous apprêtez à chanter dans un musée. Comment abordez-vous cette situation inhabituelle ?

Je pense qu'un musée est un lieu parfait pour un concert de mélodies. Partout le regard se pose sur l’art, et pendant le concert, ce sont les oreilles qui s’imprègneront d'art. Les peintures, et l'art en général, racontent le plus souvent une histoire, tout comme la musique, et plus particulièrement les mélodies que nous interpréterons pour cette soirée à Orsay. Si l'histoire de la musique est soutenue par l'histoire de l'art, les deux expressions différentes de l'art résonnent l'une dans l'autre et créent idéalement une forme supérieure.

Comment avez-vous l’habitude de travailler avec Nils Anders Mortensen qui vous accompagnera au piano lors de cette soirée ?

Nils Anders Mortensen est mon pianiste attitré. Ensemble nous avons réalisé de nombreux enregistrements et donné un grand nombre de concerts depuis presque 20 ans. Nous nous comprenons très bien et nous connaissons si bien notre façon de faire de la musique que des moments musicaux instantanés peuvent se produire lors de nos concerts, sans que nous les ayons répétés. Nils Anders est pour moi le partenaire de piano idéal. C’est un pianiste de très haut niveau !

Nils Anders Mortensen
Nils Anders Mortensen
© Knut Åserud

Comment avez-vous construit avec lui le programme de ce concert dont La Frise de la vie de Munch est le fil d’Ariane ?

La Frise de la vie de Munch raconte des histoires d'amour, de maladie et de mort. Ce sont des thèmes que l’on retrouve dans de très nombreuses mélodies, et considérant cela, il n'aurait pas été trop difficile de créer un programme de mélodies autour de ces tableaux. Mais nos trois sélections de mélodies contiennent toutes des histoires d'amour, de maladie, de perte et de mort, et de ce fait, chaque groupe de chansons reflète les atmosphères des tableaux.

L'Op. 25 de Grieg décrit les rencontres d'Ibsen avec plusieurs femmes qui l'ont fasciné ou dont il est tombé amoureux. On y trouve de belles descriptions de l'amour, mais aussi de la perte et de la séparation ou de la mort.

Le groupe de lieder de Strauss parle d'amour et d'adoration dans des chansons comme Zueignung, Schlagende Herzen et Für fünfzehn Pfennige, tandis que la perte, la maladie et la mort sont très présentes et constituent le thème principal de lieder comme Allerseelen, Ruhe meine Seele et Die Nacht.

Et puis bien sûr, Frauenliebe und Lieben de Schumann raconte toute l'histoire, depuis le moment où la femme tombe amoureuse de l’objet de son désir, en passant par le mariage, l'adoration et, à la fin, la perte et la mort. Nous terminerons notre concert par l'adieu ultime : La Mort d'Isolde...  (Richard Wagner, ndlr)

Marianne Beate Kielland
Marianne Beate Kielland
© Liv Øvland

Vous êtes-vous confrontée à la peinture de Munch pour trouver l’atmosphère de cette soirée ?

Oui et non. Je n'ai pas particulièrement cherché l'inspiration dans les peintures pour trouver un répertoire approprié, mais l'art de Munch résonne beaucoup en moi, et réveille de nombreux sentiments profonds juste quand j'y pense. C'est pourquoi il n'a pas été difficile de trouver le bon sentiment intérieur pour voir quel répertoire conviendrait le mieux à ce concert et à cette occasion.

Hormis La Frise de la vie, y a-t-il une œuvre de Munch dont vous aimeriez nous parler ?    

J'aimerais attirer l'attention sur les peintures de Munch qui se trouvent dans la salle de concert de l'université norvégienne, au centre d'Oslo. Les peintures de Munch entourent entièrement la salle (on y trouve par exemple L'histoire, Alma Mater et Le soleil), et ces peintures sont un parfait exemple de la façon dont l'art peut contribuer aux impressions de la musique. Assister à un concert dans cette salle est une aventure, non seulement parce qu'il s'agit d'une excellente salle de concert, mais aussi parce que ces peintures constituent un arrière-plan parfait pour la musique, menée par le soleil qui envoie ses rayons vers le public. J’aime beaucoup assister à des concerts dans cette salle et contempler les peintures tout en écoutant la musique.

Images
Edvard Munch
Le Soleil, 1912
Oslo, Norvège, Munchmuseet
© Munchmuseet